Défaite 3 à 2

La tempête de neige venait à peine de s'inviter sur notre belle ville de Rueil en ce vendredi 26 novembre que déjà quelques VDQS s'inquiétaient de savoir si le match phare de notre tournée intersaison serait annulé. Profitant de la pause déjeuner de l'opulente cantine de l'IFP, PYM et Thibaut de la Celle s'enquirent auprès de notre bon président de quelques nouvelles forcément fraîches. Ce dernier fut consterné par cette attitude qui dénotait le manque d'enthousiasme des deux joueurs :  "Vous êtes vraiment des mini-bites" leur dit-il en s'enflammant, "bien sûr qu'il y a match, Kais a sablé le terrain !". "Mais il neige fort et il fait -2 ! ." tentèrent-ils de se justifier.  "Rien à foutre, reprit le Fondu savoyard, j'ai commandé le repas chez Troisgros et si vous ne venez pas il va encore falloir puiser dans la cagnotte pour le rembourser". Tout penauds nos deux compères courbèrent l'échine et se retirèrent :  "Bon ben à ce soir Christian". "Ah non, je ne suis pas là, je dois aller chez décathlon m'acheter un maillot de bain ; je pars demain aux Maldives".

J'avais pour ma part enfoncé mon doigt toute l'après midi dans la terre de mon jardin pour voir si ça gelait et encrassé par la même mon clavier d'ordinateur. Tout semblait OK à 19h30 et la température était plus douce.

Nous retrouvâmes sur le terrain un Danse avec les genoux narquois face à un Manu Hidalgo dépité. 19 avants avaient répondu à l'appel alors que Le Suppo (Marou), Action joe (Pujol), Corletto et Joyeux (Arnaud) semblaient bien seuls en ¾. S'en est suivi une composition de ligne arrière surréaliste dont les ibériques ont le secret et Dali se mit à l'ouvrage. Dayre Hulk devint ainsi centre, logique Bienaimé est son cousin, Olivier Lestrade arrière et Chouchou bien entendu Ailier car sans bouger, il couvre autant de largeur de terrain que s'il courait vite. De leur côté les Polybagapershs manquèrent d'un avant et Thibaut fit don de sa personne à l'adversaire qui lui rendit en pièces détachées au bout de 20 minutes.

Juste avant le coup d'envoi, Curnillon, Nouaro, Tiret firent leur apparition soulageant Manu d'une humiliation évidente.

Le match débuta sur les chapeaux de roues arbitré par Tout Doucement (bibi) trop heureux de siffler des fautes à ses anciens co-équipiers. On nous avait prévenus, l'équipe emmenée par Vincent Dujardin est composée de super anciens joueurs. Le jeu fut donc assez beau à voir et surtout à écouter. A chaque en avant d'un joueur, les 14 autres gueulaient et se foutaient de la gueule du maladroit. "C'est bien, ils s'engueulent entre eux, ils vont se désunir" se dirent nos coachs. Rien de tout cela.

Les 15 premières minutes se cantonnèrent dans nos 40 m avec à la clef deux essais. Le désarroi se lisait sur les visages de nos coachs et Manu fit sortir Papykachu pour créer une impulsion. Notre lanceur vedette, croyant qu'il était viré pour cause d'en-avant que personne n'avait vu, se cassa vexé comme un pou d'être considéré par Manu comme le Talon d'Achille de l'équipe. Sergio tenta de le ramener à la raison lui disant qu'il allait re-rentrer mais rien n'y fit. Il faut bien comprendre que le VDQS est un diésel, par ces temps là, mieux vaut laisser tourner le moteur une demi-heure que de l'arrêter toutes les 10 minutes. Manu  finit par admettre son erreur lors des agapes mais sa perception de la fatigue des joueurs nous a semblée erronée durant tout le match. Ainsi il n'a cessé de répéter "en face ils sont vieux, déglingués, ils ne vont pas tenir le rythme", le régime n'a pas baissé.

L'embarras se poursuivait donc sur le terrain et les VDQS ne parvenaient pas à passer la ligne d'avantage. "Il faut un électrochoc psychologique, un impact player" convinrent les coachs. "Pas la veuve, quand même, c'est un match amical ! J'ai des potes qui jouent en face ! » intervînt Autier le boiteux.  "On n'a pas le choix !" Constata Danse avec les Genoux. Alors que je quittais la touche pour remplacer Belagio (Moc) je me suis retrouvé lancé sur une pénalité à la main de Marou et nous repartîmes tous dans le bon sens.

2-0 à la mi-temps, la facture était lourde, ce qui inspira à Manu cette réplique "Il faut leur mettre des tampons, ça va les dérégler !" Quand la poésie s'invite sur la touche ! .

Bibi fit son entrée laissant vacante sa place d'arbitre. En l'absence de Charles Cazamajor, réquisitionné par la FFR suite à mes révélations dans le précédent compte-rendu, le sifflet fut confié à Alain Tiret, plus communément appelé Cathare-Rac, tant sa vision des fautes reste approximative.

Petit Jean et La Buche (Olivier Buescher) entamèrent cette deuxième mi-temps de façon incisive multipliant les départs en mêlée et l'inspiration pris le dessus. Je me surpris ainsi à jouer vite une pénalité, à faire 15 m avant de voir qui dans la ligne de ¾ ????? Bibi  qui m'appelle. Feinte de corps et fixation de ce dernier, passe à notre Hortefeux de service (Fred Nouaro qui attaque toujours intérieur), et essai de ce dernier qui échappa à trois plaquages.

Le Polybagapersh ne se consomme pas en mêlée ouverte grâce à de subtiles techniques de hors jeu et créer ainsi le surnombre en trois quart. Le plaquage systématique et efficace devint notre obsession et le jeu devint assez spectaculaire. Découvrant que les sieurs Lautrec et Gourdon étaient passés à l'ennemi, la motivation atteignit son paroxysme.  Mais un débordement sur l'aile droite leur permit néanmoins de nous planter un nouvel essai. C'était sans compter notre Suppo-corrosif qui dans une action d'éclat de nos trois-quarts, marqua un essai sublime, un de ceux qui laisse à l'adversaire cette curieuse sensation d'un doigt dans le cul.

2 essais pour nous en deuxième mi-temps contre un seul pour les Polybagapershs, l'analyse de Papy fut sans ambages :  "On aurait pu les prendre, mais depuis 20 ans à Rueil, il faut 30 minutes pour rentrer dans le match, donc il  vaut mieux ne pas jouer la première mi-temps !" Y'a pas à dire, avec de tels analystes à nos côtés, les VDQS ne peuvent que gagner.

En somme, ce match a ravi tout le monde nous permettant de mesurer combien la filiation rugbystique des Racois reste gravée dans le jeu de chacun. La triche bon-enfant, la mauvaise foi à chaque décision arbitrale, les successions de vannes et de gueulantes, cette douce mélodie nous a fait passer une soirée bien sympa.