Samedi 12 septembre, alors que pointaient déjà quelques séquelles de l'entraînement du matin, je rencontre Ronan Lullien, le crâne dégarni par un coiffeur sans doute ancien combattant du 2ème RIMA. Moi-même, tondu l'instant d'avant par ma chère et tendre épouse, pour cause d'adultère avec une jeune touriste allemande, je ne pus m'empêcher de souligner cette étrange tendance. "Tu, comprends, me dit-il, les places sont chères en VDQS ; pour être sur la feuille de match, il faut une tête de méchant !". Le ton de la semaine était donné.

 

Le Club avait deux projets de rénovation du club house : un pub Irlandais ou une cafete style "AB production". Au premier coup d'oeil, le résultat est trompeur mais le premier épisode du sitcom "Christian et les garçons" semble faire grimper l'audimat. Une trentaine de VDQS ("les musclés") étaient au rendez-vous pour saluer notre bon président qui comme Ronan s'était fait une tête de méchant pour être sûr de récupérer les chèques de cotisation.

 

Un silence pesant avait envahi les vestiaires, les VDQS étaient concentrés, les visages fermés par ce désir intense de la performance ou le manque de sommeil.

 

Sur le terrain, plus un bruit, plus une blague, plus une coccinelle : juste le désir d'éblouir le COACH, celui que l'on nomme à présent "Manu militari".

 

Après une cinquantaine de minutes de cross (version officielle pour nos femmes), nous débutâmes la phase musculation (une heure comme d'hab.) de notre ultime entraînement avant le début de saison.

Afin de parfaire notre gainage en contractant plus fort nos fessiers, Christian passa derrière chacun en évoquant subtilement ses vacances à Mykonos. La pression grimpait d'un cran mais notre bon président n'en resta pas là et voulu nous mettre dans l'ambiance : "Attention les gars, la semaine prochaine c'est pas gagné ! .C'est la BNP et c'est pas des vieux ! et c'est pas non plus des banquiers !".

 

La pression menaçait déjà les plus fébriles psychologiquement : nos amis de France-Télécom-orange, Ronan et Vincent furent heureusement repêchés de justesse dans la Seine, au barrage de Chatou par un Batelier abonné à SFR.

 

Pour contre-balancer la violence de cette séance, les joueurs se mirent en cercle pour parler et vider leur sac. Thierry, jeune militaire, rejeté par sa famille "les hussards sur le toit" suite à une défaite fatale contre nous l'an passé (3 blessés à Zéro), nous supplia de l'accueillir. Un autre qu'on appellera Christophe nous fit la même demande et parce qu'il avait une vraie tête de méchant (il est chauve) on l'adouba. Le dernier qu'on appellera lui aussi Eric (un VDQS sur deux s'appelle Eric ou Christophe), pilier ou ailier, on ne sait pas encore, nous parla sans pudeur de sa solitude ainsi que de celle de ses trois soeurs, ce qui provoqua instantanément un mouvement de solidarité.

Trois nouveaux sont donc arrivés et je vous invite à aller sur le site pour les identifier.

 

Avants d'un côté, trois-quarts de l'autre, un sélectionneur (Christian), un préparateur physique (Manu), les objectifs des VDQS ne pouvaient être atteints sans l'engagement d'un troisième entraîneur dans le "staff", chargé en particulier des avants.

Depuis deux bonnes heures, nous observions de loin un homme bronzé qui s'échauffait à son rythme et c'était lui. Serge Six-sioux. Christian nous présenta cet homme d'expérience à la peau rouge douze mois sur douze. Arrivé de force en France avec sa tribu lors de l'exposition universelle de 1910 (oui, il ne fait pas son age), Serge, qui s'appelait alors "nse avec les genoux", fût élevé par un ethnologue périgourdin qui très vite lui apprit le Rugby.

Bref, Serge dirigea de main de maître l'entraînement des avants, leur apprenant des codes secrets en touche à base de couleurs qu'il avait mis au point lorsqu'il était Marines en 1944 en Normandie, mais aussi la technique du regroupement des bisons et l'art de la fuite du tipi. Les visages pâles des VDQS retrouvèrent des couleurs par manque d'oxygène.

 

L'entraînement s'acheva sur un petit match DDE-Barriolés.

 

Sortis des vestiaires et arrivés sur le décor de "plus belle la vie", nous fûmes envahis par une horde de nains venus prendre des billets pour assister à une nouvelle défaite des tapettes en rose de la faisanderie. Parmi eux se cachaient des VDQS absents à l'entrainement ! J'aurais Bienaimé dénoncer quelqu'un en particulier, mais je ne suis pas comme ça.

 

La semaine prochaine nous affrontons la BNP, il faut conserver notre motivation et notre philosophie (voir site). Je vous rappelle donc que chaque année, la banque vous envoie le récapitulatif de frais, agios et autres prélèvements automatiques : consultez-le dès ce soir. Si ça ne suffit pas répétez-vous cette phrase : "mon pognon il a sucé, mon banquier m'a endetté".

 

Bonne semaine à tous.