En ce vendredi 23 mars 2018, tous les VDQS étaient encore chamboulés par l’anniversaire de la veille, les 50 ans du soulèvement de la Fac de Nanterre. Et moi, le premier. En effet, en calculant bien, pendant que Daniel Cohn Bendit lançait la grève, mon père jouait de la matraque dans le vagin de ma mère en criant « L’art est mort, libérons notre vie quotidienne », lançant ainsi la gestation de votre modeste conteur. Autre anniversaire du jour, celui de Kaspi le magnifique. Absent un long moment des terrains en raison de la 75e  tournée d’adieu de Charles Aznavour pour lequel il joue du Duduk, Kaspi annonça qu’il ne jouerait que vingt minutes.

Environ 20 VDQS répondirent présent pour cette A.G. en vue du soulèvement  contre les Old Blagues de Clichy. Aux commandes des agitateurs rueillois, deux vieux anarchistes, Mao-Sixiou et Manu le rouge. En 68 le premier avait saccagé un Felix Potin aux cris de « Ho Chi mal » et le second s’était illustré en coupant le courant à Pigalle provoquant une partouze géante et totalement gratuite. Ces deux actes militants contre la société de consommation marquèrent le début de cette grande complicité de nos coachs qui s’installèrent dans le Larzac pour y élever des chèvres…mais ceci ne nous regarde pas.

Lorsque l’instant de la composition du comité de salut public vint enfin, plusieurs absences furent soulignées. Petit Jean occupé à boucher une hypogée bigoudène à l’aide de son menhir, Picard qui joue à « Tintin chez les soviets » ou plutôt « Fanfan cherche Medvedev », Thibaut qui chie ses intestins par le nombril, Bastagro qui écrit un livre sur les petits déjeuners germaniques et la Buche parti en week-end chez un certain Bachar, soi-disant directeur d’un Castorama dans la banlieue de Damas. Mais le plus troublant était sans aucun doute l’absence prolongée de Christian Dupraz. Même notre président Papykachu était sans nouvelle. « Il s’est réfugié à Baden-baden ! » nous affirma Mao-Sixiou qui l’avait appris par des activistes du groupe Bordeau-Chesnel. « Il reviendra ! » ajouta Manu le rouge : « J’ai reçu un message codé de sa part avec cette mention : Bonjour ! » le sexe encore dressé comme une massue. « De Gaule du matin, c’était donc lui ?! » se réjouit alors Fred Noaro, notre capitaine du soir et au-delà notre coach en « individualité collective si tu peux ».

Le Préfet de police, sifflet en bouche, était un ancien du Rac : Gaylord. Le jeune homme nous inspire confiance malgré son prénom qui n’est pas sans rappeler le sobriquet de Sir Elton John. Les échauffourées débutèrent à 20h35. Les forces en présence semblaient équilibrées mais les groupuscules Old Blagues avaient l’ascendant, occupant nos 40 m.  Il faut dire que le Préfet ne cessait de siffler contre nos escadrons révolutionnaires. La fébrilité était totale. Heureusement, à 20h49, un erreur de main des Old Blagues à 10 mètres de notre embut nous offrit une mêlée. Idéal du Gazon chargé du tractage, nous gratifia d’une passe des plus merdiques destinée à Fred et atterrit 5 m par terre devant lui, manquant de peu d’offrir l’essai à Clichy. Le Fez se rapprocha assez vite de sa tête. In fine le préfet siffla un hors-jeu d’un troisième ligne Old Blagues.  Ce n’est donc qu’au bout de 16 minutes que nos vaillants VDQS réussirent à enfoncer leur défense, passer leur barricade et s’installer dans les 22 adverses. En vain.

Premier cesser le feu à 20h55. Manu le rouge réunit les militants VDQS pour les galvaniser. Le latin ne voulait pas faire de quartiers « Derrière ils sont jeunes, ils savent pas jouer ! » lança-t-il. L’analyse ne convainquit pas Tic qui crachait ses poumons à courser les minots d’en face. Pour motiver ses escadrons, Mao-Sixiou ressortit ses slogans d’antan : «  Céder un peu c’est Capituler beaucoup ! » . « On n’a pas le droit de s’aider ? » demanda alors Fofayann. « Te fais pas chier, tu prends le ballon et tu vas tout droit ! » lui glissa Blanche Neige. « Je peux sortir ? » demanda alors Kaspi. « Non, toi tu restes ! Papykachu a assez donné ! » Ordonna Manu le rouge. Kaspi s’en retourna penaud. Entra en jeu à la place de notre président notre arme fatale :  Miguel de la Fuente. Miguel avait été intégré à notre réseau crypto-rugbystique par Charles Cazamayor. Ils s’étaient connus en QHS ou Charly purgeait une peine pour attentat ostréicole, le sabotage d’une exploitation d’huitres normandes avec son groupe le SRFCR (Ségolène Royal Fan Club Rochelais). Miguel, lui, risquait d’être extradé pour son soutien aux indépendantistes catalans. Jean-Louis David, Fabio Salsa et Franck Provost s’étaient portés parties civiles concernant l’attentat capillaire du terroriste Carlos (Pokemon) dont Miguel était complice. Arrêté par le GIGN en possession d’un fer lisseur Babyliss et d’un album de Mireille Mathieu, Miguel porte depuis un bracelet électronique qui ne l’empêche pas de courir.

L’affrontement reprit à 21h00, Fred guidant les trois quarts et Jérôme Chavoix les avants. Dominés en touche et en ruck, le jeu se concentra sur des attaques lancées au ras avec des avants détachés et des libérations rapides : Sebban, Fofayann, Miguel, Charly, Olivier Albert, Chavoix et même Kaspi, pilonnèrent le cordon . Les percées furent importantes et au bout de 8 minutes, suite à une cocotte menée de mains de maitres, Chavoix, le meneur des avants, aplatit dans l’embut. Seul bémol à cette sublime attaque, la blessure de Charly. Tel un poilu dans sa tranchée, il resta à terre, le crâne ensanglanté. Gueule cassée tombée au champ d’honneur, déjà notre angoisse montait, celle qui commence par ce mail : « Triste nouvelle ». Mais non. Il se relève ! Il est vivant ! C’est con car j’aurais pu écrire sa bio, j’avais déjà le titre : « Au revoir là-haut ! » cette phrase qu’il répète à chaque fois que Malomenix ou Petit Jan quittent le club house. Qu’à cela ne tienne, le prix Goncourt se présente à moi 12 minutes plus tard alors que Clichy squatte nos 22. « Triste Nouvelle ». Idéal du Gazon ressort d’un ruck le crâne en sang avec une entaille de 8 cm. La plaie est impressionnante, la peau retroussée de chaque côté, la fente offrant une éruption sanguinolente digne des premières règles de Stephanie de Monaco. Hélas l’héroïsme de notre Jockey préféré s’arrête là : il s’est fracassé la tête contre celle d’Arnaud…et il a perdu. Gauthier, notre neuf d’occasion, prend alors sa place. Pénal-touche contre nous, cocotte et essai des Old Blagues. C’est ce qui s’appelle un prêté pour un rendu.

Nouvelle AG. Mao-Sixiou nous fait un back to the future : « Laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes... et la peur du noir aux staliniens ! ». Manu le rouge enchaine alors : « Jouissez sans entraves, vivez sans temps morts, baisez sans carotte » . Kaya m’informe alors que les deux anarchistes ont fumé de l’herbe…mais celle du synthétique. Consigne est cependant donnée de mettre fin aux interminables percées d’un Old Blagues de 2 m, un type à la gueule de Jérôme Commandeur et au physique d’Hagrid (dans Harry Potter).

La dernière échauffourée est circonscrite entre les deux lignes des quarante mètres. La défense est de fer et le moral d’acier. Sur la touche chacun retient son souffle, le combat peut être fatal ou victorieux en une fraction de seconde. Un moment les VDQS ont failli l’emporter. C’est dans ces instants d’euphorie qu’Olivier Albert est habité …par Beauxis ! Une envie de fez peut-être ? Les Old blagues profitent de ce relâchement et reviennent à l’entrée de notre Fac. Pénal touche et dernière action…Suspens…et coup de sifflet final pour touche pas droite !

1-1  score final.

Pour conclure ce match fut palpitant et cette lutte finale réconfortante. Je laisse à d’autres le soin de conter la 3ème mi-temps à laquelle je n’ai hélas pas pu rester.