Le monde est en émoi en ce vendredi 29 avril 2011. Bien sûr il y avait ce petit mariage entre William et Kate à Londres, mais l'événement majeur était ailleurs. Si le grand Chef indien Danse avec les genoux est sur le sentier de la guerre, pour d'autres, c'est la guerre du Sentier. En effet, depuis plusieurs semaines deux industriels du textile, C. Duprazstein et A. Tireteberg, les David et Jonathan du T-shirt, proposaient sur le net d'acquérir toutes sortes de vêtements aux armes de la future mariée : Valéria De Queute Sodomia. En ce soir de printemps, celle qu'on surnomme VDQS devait mêler son sang à Honorin De Conflans, Prince de Lazacperdue.
Deux milliards de téléspectateurs, la soirée était commentée sur France 24 par François Picard et Marc Owen encore en studio, faute d'avoir reçu leur invitation à la noce. Les Bookmakers avaient fait des paris sur la tenue de la mariée et furent pris à contrepied. Honorin et Valéria avaient choisi le même couturier, Peter Chareyronfeld, le créateur Austro-guyanais, et on ne pouvait plus distinguer parmi ces couleurs chamarrées, qui était invité par l'une ou l'autre des familles : l'incident diplomatique allait éclater. Les parents de la mariée, le grand Duc Serge Sixpinte of Smiticstone et son épouse l'Archiduchesse espagnole Manuela De la Puerta Del Sol décidèrent comme le veut la tradition que tout leur côté s'habillerait de blanc, comme la mariée.
250 invités pour Valéria De Queute Sodomia contre 450 pour le Prince Honorin de Conflans, le déséquilibre était flagrant.
La première partie des festivités fût très animée mais l'enthousiasme des proches du prince les encourageait à envahir le secteur réservé à la famille de la mariée. Les esprits s'échauffaient mais les VDQS bien décidés à tenir leur rang résistèrent défendant pied à pied leur territoire. Le maître de cérémonie, Le grand chambellan des Yvelines semblait favoriser les amis du Prince. Tous craignaient le pire et il arriva. Un jeune invité d'Honorin s'empara du bouquet de la mariée sans que les plus agiles hommes en blanc ne réussissent à le rattraper. Le Grand Chambellan récupéra le bouquet tant convoité et le rendit à la Famille VDQS plus vexée que jamais. Parmi les esprits les plus agités se trouvait le plus Britannique des sujets de l'Archiduchesse Manuela, le Comte Charles de Cazamayor, toujours prêt à enflammer l'assistance par des initiatives individuelles risquées. Avec le soutien de ses hallebardiers, il monopolisa le bouquet avant de le remettre au fou du roi, Pascual Di Marou qui le transmit aussitôt à l'électrique Guillermo Billione. En l'absence de D'Armando Disderone, Guillermo était le favori de l'Archiduchesse Manuela De la Puerta Del Sol et on leur prêtait une relation intime. La fougue de Billione impressionnait Manuela qui était intarissable pour vanter ses exploits physiques et sa capacité machiste à plaquer ses maîtresses d'un instant. Bref, Guillermo avait le bouquet en main et les plus jaloux des amis d'Honorin se jetèrent sur lui. Il eût juste le temps de transmettre la composition florale à un éminent invité, un grand navigateur breton, commandant du navire "Le Sextantdu" qui avait conquit ses lettres de noblesses en découvrant du pétrole sur les côtes celtes. Cet homme c'était Christophe Colon de la Perlouse. Prenant son courage à deux mains, il effaça deux adversaires et permit à un autre Christophe, Le comte Quérido, de s'emparer du bouquet et de le soustraire définitivement à l'autre famille. Chaque clan était à présent à égalité bien que la famille d'Honorin enchaînait les changements aux avant-postes de la cérémonie. Leur hargne s'exprima aux dépends du Fou du roi, Pascual Di Marou qui dû quitter l'enceinte des festivités, l'épaule démontée. Contre toute attente, le grand Duc Serge Sixpinte of Smiticstone nomma alors Daniel Dupont Neuf au poste du blessé. Ce dernier fût très honoré par cette distinction et ce retour en grâce, lui qui avait jadis été banni de son royaume et portait sous l'ancien régime, le titre d'Agars-Dukan. Heureusement une trêve fut signée et les hostilités entre les deux familles cessèrent durant dix minutes.
Embarrassés par la tournure que prenait ce mariage, Serge et Manuela, les parents de la mariée tentèrent de trouver des solutions afin de conserver la main mise sur les cérémonies. Ils convinrent de retirer à Daniel ses nouvelles fonctions afin de les confier au clergé dont son représentant venait d'arriver. C'était un moine austère qui revenait de pénitence, le frère Nouaro, et qui devait dès le lendemain retourner auprès de Benoit XVI pour la béatification de Jean-Paul II.
Charles Cazamayor céda sa place à Stephano de Bourdon Jambon de Parmes et le banquier du duché, Dominico Maria, remplaça l'ambassadeur du Tonkin, Papy-Chu-San-Laï. Pourtant cet homme faisait partie des plus importants représentant du clan de Valéria De Queute Sodomia. Immigré en France, il avait importé le savoir faire de ses ancêtres asiatiques et avait permis à la porcelaine de sèvres de percer les mystères de la céramique chinoise. Le bleu était sa couleur mais ce soir-là, il était vêtu de blanc et le regrettait amèrement ; il se retira donc sans colère. Ouf.
Forts de ce nouveau sang, le clan VDQS domina la deuxième partie de la célébration. Après une tentative de Juanito Pequegno, le collectif imposa sa force et c'est finalement l'épilateur attitré d'Amanda Lear, le spécialiste de l'élastoplastie, Cris Apple-Dayre, qui marqua l'avantage.
Hélas, à deux reprises dont une à la dernière seconde, la famille du Prince Honorin de Conflans déborda l'assemblée passant dans les travées latérales.
Malgré tout nous étions heureux, l'union des deux familles restait intacte. Honorin avait dominé Valéria et l'avait dépucelé à trois reprises : Gode Save the Gouines !
Il fallu néanmoins rester vigilant en nous dirigeant vers nos appartements où nous devions changer de tenues pour la réception. En effet un émissaire du Vatican nous avait mis en garde quant à l'impulsivité de Frère Nouaro. Nous protégeâmes donc le grand chambellan et rien ne se passa.
La dynastie du Prince Honorin de Conflans était d'origine Nordique et remontait au XIIème siècle. Ils voulurent nous faire partager leur patrimoine historique en nous conviant aux thermes de leurs ancêtres. L'exigüité du vestiaire offrait une sorte de hammam humain où la sueur en suspension réchauffait les corps agglutinés. Puis nous nous rendîmes au Frigidarium, sorte de douche glaciale qui nous rappela d'autres festivités en Irlande.
Ainsi revigorés, la soirée se poursuivit par un cocktail offert par le marié puis un remarquable banquet. Le vin, du Cubi supérieur, appelé aussi Vidange tardive, ce vin, donc, coulait à flots et exhalait les saveurs du repas gastro-tonique. Seule fausse note, le choix de la vaisselle. Les couverts ciselés dans un cristal très fin ne résistaient pas au gibier.
L'animation du festin fut assurée par Tic et Tac jusqu'au moment où Cauet, un des people invité par Valéria, se mit à prendre les choses en main sous l'oeil admiratif de Sir Harley de Lestrade. Il avait avalé un MP3 au petit déj et partit dans un duo chorégraphié avec un jeune éphèbe de la famille du prince, nous offrant une version remixée de Pas de Boogie Woogie d'Eddy Mitchell. L'idylle entre les deux hommes se prolongea jusqu'au bout de la nuit, comme mon acouphène.
Mais qu'importe, le mariage se terminait par une rencontre et un nouvel amour naissant. Cette soirée fut vraiment un conte de fée et concernant le nouveau couple, je suis heureux de pouvoir conclure : "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'hémorroïdes."