La météo de ce vendredi soir présageait une rencontre agréable et surtout une abondance d'effectifs VDQS tant la douceur thermique et l'humidité du gazon étaient idéaux. Que nenni ! Alors qu'à 20h00 débouchait des vestiaires une fringante équipe de Gennevilliers, la torpeur envahissait les visages de nos deux coaches : à peine une dizaine de ¾ étaient présents tandis que les avants s'inquiétaient de n'être que 8 pour assumer l'heure de match. Le seul à jubiler à cet instant, fut Papykatchu : vas comprendre ! Mais pour lui chaque match est un jubilé !
Manu et Sergio bougonnaient donc à l'échauffement d'autant que leurs efforts pour constituer une équipe type, avec une stratégie précise, étaient réduits à néant par une simple constitution de types aux physiques approximatifs. La stratégie fût alors modifiée : prolonger l'échauffement dans l'espoir de voir arriver du sang frais. "Vous n'êtes pas dans le match !" s'exaspérait l'hidalgo des abdos. "Heureusement !" échangèrent discrètement les avants bien décidés à gérer leur effort à venir.
Dans le match, nous le fûmes très rapidement qu'en débuta la rencontre. En 5 minutes les Jurassiks nous plantèrent deux essais de ¾. Bibi, N°8 pour l'occasion prit alors les affaires en main constatant que seule la domination du pack pouvait changer la donne. La tournure du match évolua donc en notre faveur et le jeu d'avants se transforma en visite du rayon protection hygiénique du centre Leclerc : des règles abondantes et irrégulières, des tampons avec ou sans applicateur, des protège-dents qui broutent de la sphègne, des voiles protecteurs et des rebords anti-fuite, la panoplie complète fut déployée en corole dans la douleur.
Depuis Maastricht, la frontière chez les Villiers, c'est sacré ! Chez le Jeune Villiers la tradition est perpétuée. Passer la frontière de l'essai est un exploit que réussirent néanmoins les VDQS en fin de première mi-temps dans un effort collectif de la communauté européenne des avants et ouvreurs. 3-1 à la mi-temps.
Le banc de touche s'étant copieusement rempli, le coaching s'accéléra même si les absences de Nicolas Gillet et Christophe Blanchot nous manquèrent. Tous deux pièces maîtresses du dispositif 3-2-3 de Sergio, le stratège dut se résoudre à une organisation systémique en 4-2-2 et 1-4-3, dont lui seul connaît le secret.
La deuxième mi-temps permit à notre bon président de prendre le sifflet et de constater de plus près la violence de l'engagement sur le terrain. Soudain, côté VDQS, une ouverture propre surprit tout le monde, à commencer par nous même : lancé comme ostréiculteur qui vient d'apprendre que sa femme se fait calibrer la moule en son absence, Grincheux perfora la ligne de défense adverse et planta un essai de 30 m. Humiliation suprême pour les Jeunes Villiers qui quittèrent Jurassik Park pour le Puy du Fou : ils perdirent la tête et prirent celle de notre commissaire Européen Dupraz qui a horreur qu'on discute ses directives : erreur diplomatique ! Ainsi, alors que le score était encore à 4-2, un Jurassik partit au ras de sa mêlée pour enquiller un cinquième essai quand le sifflet de Christian stoppa net sa course pour signaler un hors jeu au début de l'action. C'est mesquin, certes, mais pour une fois ni Authier, ni Tiret ne contredirent cette décision.
Il est bon de rappeler à cet instant le stoïcisme des VDQS lors de cette rencontre malgré les impacts violents auxquels ils répondirent par l'action et l'engagement (elle est classe cette phrase !). Nulle parole déplacée, nulle discussion arbitrale, juste une révolte intérieure traduite dans les gestes et l'application (celle-là est too much peut-être). Un instant, on a bien cru pourtant que les choses tourneraient mal lorsque Bienaimé Hulk se rebella en présence de Dayre Hulk seconde ligne cinq mètres plus loin. La tension montait tellement que même "Joyeux" (Arnaud) s'est mis en colère pendant près de 10 secondes consécutives. Quatre expulsions temporaires me permirent enfin de rentrer à nouveau en N°8 et de goûter au charme discret du soleil à 21h00 : 95kg retournés comme une crêpe est un exploit jurassikien qui semble avoir beaucoup fait rire le banc de touche ; Sympa les potes!
La rencontre s'acheva par un 4-2 et une voix VDQS se libéra alors : Grincheux retrouva ses vieux réflexes qu'on avait crus perdus face aux Japonais et chercha des noises à tous les adversaires qu'il rencontrait. 35 minutes, une douche et deux bières plus tard il retrouva le sourire : par rapport à l'an passé on a gagné 8 minutes, c'est mieux.
Faut-il vraiment parler de la troisième mi-temps ? Là est toute la question.
Les Jurassiks n'étant pas prévenus d'un repas, ils passèrent la soirée à vider les fûts de bières tandis que nous nous retrouvâmes plus d'une trentaine de VDQS attablés. Christian avait pour cette occasion remis sa cravate de Roc-Eclerc espérant rencontrer ce soir-là Michel Boutet, l'homme qui reçu la légion d'honneur pour avoir retrouvé le scooter du fils Sarkozy à la fouilleuse. Hélas, l'illustre VDQS était absent. Nous eûmes pourtant l'honneur de recevoir le traducteur officiel pour sourds et malentendants de France 24, Ronan Lullien, qui ne manqua pas de nous faire la démonstration de son professionnalisme en nous traduisant en simultané et en direct "little huguette". Danse with the knees, un autre bilingue de l'étape, nous fit partager une chanson de geste, plus tribale celle-là, "le vicaire", dont la chorégraphie reproduit à chaque couplet l'accouplement du bison et se termine par celui du cow boy perforé violemment par le puissant animal en rut et ce , malgré une épaisse selle. Toujours dans le registre culturel, Christian entonna "la bataille de reichoffen" chanson germanique s'il en est, que nous assortîmes d'une chevauchée de chaises peu suivie, tant le vin rouge des blancs avait fatigué bon nombre de joueurs. Manu fut une des premières victimes de cette fatigue soudaine, ses voisins s'étant entendus sur un pari mesquin, lui faire boire plus de trois verres à table.
L'Irlande est déjà dans tous les esprits et Alain Tiret qui se réjouissait de passer deux nuits avec Philippe Curnillon semblait bien triste. En effet, Philippe a eu le mauvais goût de venir accompagné d'une jolie blonde à nos agapes. Face à cette rivale et en désespoir de cause, afin de le séduire une dernière fois, Alain décida de chanter pour son fifi. Plus moustachu que les villages people, plus poignant que Francis Cabrel, le cathare entonna de sa voix chaude et cuivrée, dans un silence religieux et respectueux, le titre élu "chanson du siècle" par le magazine "Têtu", EN SEPTEMBRE. Interrompu à maintes reprises par les sanglots troublés que suscita son interprétation et les larmes d'émotion d'un public conquis, Alain fit acte de bravoure en allant jusqu'au bout de son tour de chant : chapeau l'artiste !
Décidément, après les tampons d'un match, rien ne vaut une troisième mi-temps de midinette dans les règles de lard !