Y’a plus de saison ma bonne dame ! Sauf pour le rugby ! Alors que la température au sol ne dépassait pas les six degrés, le ministère des anciens combattants avait affrété un car pour transporter tous les blessés de guerre VDQS au lieu-dit “Le chalet“ afin d’assister au premier match de notre célèbre bataillon.  Trois manchots, Dupraz, Malomenix et Charron, deux cul-de-jattes, Moc et Chauvin, un aveugle, Marou et un irradié, Bastagro, avaient pris place le long du terrain, le verbe haut,  la mobilité réduite et les couilles gelées. Alors que notre Sanglier avait vu passé sur lui Irma, Maria, José et accessoirement avait accueilli chez lui un couple de réfugiés climatiques Manu et Brigitte, les VDQS devaient ce soir-là affronter un Implacable Ouragan, jeune et bien décidé à les mettre dans le vent.  Le météorologue de la rencontre, le Laurent Cabrol du sifflet fut une fois de plus Fred Lavergne dont la vue du jeu satellitaire et l’autorité scientifique est incontestable et incontestée.

Le match débuta à 20h37 et très vite la rudesse du jeu se révéla, les VDQS étant encore plus engagés qu’en entrainement, c’est vous dire. Hélas au bout de 4 minutes passées dans le camp adverse, une contre-attaque des implacables se traduisit par un essai de 70 m, un débordement sur l’aile d’une insolente jeunesse qui dépassa les capacités physiques de notre bon Corletto. La vélocité déclinante des VDQS étant une fatalité, seule l’intelligence de jeu et une détermination à plaquer pouvait faire la différence. Pour l’intelligence de jeu c’était simple : se recentrer sur les avants, rien de très compliqué à comprendre. Parmi ceux-là, une jeune recrue de cinquante ans, Benoit Gros, judoka émérite. On avait déjà Picasso et Polpote comme ceintures noires aux ailes, à présent nous avions “Ipon“ à la pile. Il faut dire que Benoît s’est un peu mis à la faute, le bizu ne lâchant l’adversaire au sol que lorsque Danse avec les genoux lui criait “Ipon“.  La réponse des VDQS à l’agaçant essai des jeunots ne tarda pas à venir. 5 minutes après la rafale, les bulldozers VDQS enchainèrent un ballon porté et un déroulé de 15 m conclut par un essai de Jérôme Chavoix, ex-momie. Hélas, nos lignes furent de nouveau percées sept minutes plus tard. Le premier tiers temps se conclut sur ce score et un gout amer : resserrer les lignes et les rendre imperméables tel fut le mot d’ordre.

Le second tiers temps marqua la prise de pouvoir des VDQS sur le ballon et une domination flagrante. 8 minutes passèrent durant lesquelles Thibault, Kaya et Frère Noaro nous offrirent un festival de plaquages à faire changer de nom d’équipe les adversaires. Fofayann lui se réjouissait d’enquiller les attaques au bélier, il jouissait littéralement. Comme quoi deux mois passés immobile, sabre au clair sur le perron de l’Elysée et jouer un match VDQS c’est comme sortir d’une prison d’Erdogan et de débarquer dans une partouze !  Les implacables perdaient de plus en plus le ballon et se consommaient sur nos avants. Le surnombre permit à Etienne de jouer un deux contre un dans les 22 adverses. Hélas, à force de glisser vers la touche, notre Polpote ne put aplatir convenablement, les jambes projetées contre le piquet d’embut. Déjà, il sentait le Fez lui gratter la tête… Signe du destin, La Pic à peine sorti de son studio de télé arriva et tenta de s’échauffer.  L’apercevant, Manu le fit aussitôt rentrer en seconde barre : Picard était encore gelé mais qu’importe ! Le coaching avant tout. Tous ces efforts ne furent pas pour autant vains car juste avant la pause, Jérôme Chavoix profita d’une remise intérieure pour marquer à nouveau.

A deux partout, la partie n’était pas pliée d’autant que les Implacables commençaient à bien déconner. Leurs touches simili-feintées étaient toutes perdues et leur demi de mêlée n’ouvrait plus guère sans doute échaudé par l’odeur de ses rognons, remontés par Thibault, fricassés dans l’estomac par Kaya et découpé au niveau de la gorge par Noaro. « Il faut jouer Taï-Taï ! » Expliqua Thibault à l’équipe. Laurent Nègre, qu’à Chicago tous appellent  “Le Blanchisseur“ fit mine de comprendre. « Et toi La Pic il faut qu’ils te sentent, il faut qu’ils comprennent ton nom, faut que ça pique ! » ajouta Thibault. L’injonction mit la pression au Killer du Vésinet. Déjà il sentait le Trump qui sommeillait en lui se réveiller, et se son regard Scorcésien foudroya le camp ennemi à la recherche d’un asiatique. Frère Noaro qui durant les premières périodes s’était préparé aux fêtes de l’Aïd en égorgeant quelques moutons adverses, prit enfin la parole pour compléter le Brainstorming : « Il faut garder le Shape-control  des phases dynamiques en amorçant un go-between sur  le ball-share . A ce moment-là l’anamorphose post-statique du groupe pourra profiter du Gap endo-physiologique de l’adversaire » Lestrade, Charly et Freddy acquiescèrent par respect pour le gourou des DRH tandis que manu clôtura le débat par un « Pareil ! ».

Le niveau de jeu était toujours plus intense : La Buche avait sans doute eu une semaine de merde tant il passa  ses nerfs en plaquant tout ce qui bougeait. Les deux coachs étaient eux aussi survoltés ainsi que le public d’handicapés. Marou était déchainé alors qu’un ruck se déroulait à nos pieds « Vas y Miguel, bat-toi, arrache-moi ce ballon ! » Le pauvre aveugle se calma enfin lorsqu’on lui signala que Miguel était sorti et se trouvait derrière lui. Dix minutes s’étaient déroulées lorsque les Implacables avancèrent dangereusement à nos 22. La pugnacité de la défense paya et les VDQS reprirent le ballon. Faute de demi de mêlée disponible, La Pic, toujours prêt à flinguer Kim Jong-un, se sentit des ailes de quater back, appelé par notre coach en intelligence collective : « Forwarde-moi la balle ! ». Oubliés les Giants, La pic est plus doué pour les Punch-lines que les longues passes : la trajectoire de sa balle atteignant la stratosphère, sa puissance n’atteignit pas le niveau de 2 sur l’échelle de Dupraz. Le ballon s’écrasa à terre comme une merde, Fred ne put s’en saisir et un Implacable nous planta un essai en contre. Seul VDQS heureux : Etienne ! Vas savoir pourquoi !  Après tant de sacrifices, l’amour propre des VDQS en avait pris un coup et l’injustice devait être réparée. Thibault emballa le match en jouant rapidement les pénalités et 3 minutes à peine après cet affront, l’orgueil des VDQS permit de marquer. Petit côté, grand côté et remise intérieur, tout y était.  A la conclusion de cette action héroïque…Jérôme Chavoix ! Trois essais pour le premier match du numéro huit, Albin et Renato, vous avez de la concurrence !

3-3 score final. Un match nul au goût de victoire et aucun blessé : ouff ! Le coup de sifflet de Fred Lavergne libéra tout le monde.  Les plus comblés étaient sans aucun doute les coachs :  Manu se jeta dans les bras de Danse avec les genoux et l’embrassa tendrement. Main dans la main ils rentrèrent au vestiaire « J’ai acheté un gel douche au piment d’Espelette ! » Lui annonça le chef sioux. « Arrête mon Totem Magique, j’ai le chorizo en feu ! » lui répondit l’Hidalgo affamé de tapas.

La troisième mi-temps fut arrosée par PYM venu fêter ses cinquante ans. A l’applaudimètre La Pic reçu son Fez succédant à son confrère de France 24 Mark Owen.  Le grand journaliste me rejoignit pour discuter avec Jérôme Chavoix, le champion du soir. Momie et stade Français, 15 et jeu à cinq, ce dernier nous confia « C’est bien de jouer à toucher avec les enfants, ça développe leur instinct ! ». Nous fûmes un peu gênés et par la suite je vis Kaya pour m’informer un peu plus sur son compte « Son surnom c’était Le Chanoine, pourquoi ? ». Une heure plus tard je retrouvais La Pic toujours en pleine conversation avec ledit Chanoine. « Et tu joues depuis longtemps avec les Implacables ? » Lui demanda-t-il.  Sûr La Pic a voté pour Trump croyant que c’était Al Gore !