A la veille des départs en vacances, réunir une équipe complète de VDQS est toujours un challenge, surtout quand est annoncée la rencontre majeure de l'année, le match contre les Maule-Blacks, synonyme de courbatures incompatibles avec le ski . L'inquiétude montait donc dans nos rangs à l'approche de l'heure fatidique alors que nous n'étions encore que treize. In fine, le vestiaire se remplit et nous atteignîmes péniblement le chiffre de 20 joueurs dont seulement 9 avants.
La partie allait donc être difficile à jouer, les remplacements rares et la gestion de l'effort sur la durée plus que nécessaire. Manu sentait parmi les joueurs ce besoin de s'économiser et commença à s'énerver : "Je vous préviens, on joue contre Maule et si y en a qui ne sont pas assez motivés, ils laissent leur place ! Bon, on est combien ?...9 avants ! Ok, bon si y'en a qui ne sont pas motivés ! il faut qu'ils le soient !".
Après un échauffement mesuré nous entamâmes le match en réceptionnant le coup d'envoi. Le premier quart d'heure nous mit très vite dans l'ambiance, les physiques massifs des Maule-Blacks nous imposant à l'avant des regroupements vigoureux, des ballons portés difficiles à contrer et des balles au sol irrécupérables. Toutefois notre défense était en place et aucune de leurs attaques n'arrivaient à percer réellement. Les esprits râleurs se manifestèrent et Christian mit fin calmement mais radicalement à toutes les discussions "Alors écoutez les mecs, j'ai passé la semaine la plus à chier de ma vie, alors si vous n'êtes pas contents vous arbitrez ! C'est valable pour Les Maule-Blacks comme pour les VDQS !" Est-ce la pitié pour le savoyard ou le fait que tout le monde avait eu une semaine à chier, mais nul ne voulut prendre le sifflet. La partie reprit. A mesure que les géants de Maule installaient leur jeu avec "Charlot" en chef d'orchestre, nous eûmes l'instinct de ne plus nous consommer sur leurs regroupements : il suffisait de les fixer à deux ou trois pour que l'ensemble de leur pack vienne s'agglutiner comme des mouches. Alors nous nous replacions en deuxième ou troisième rideau pour contrer leurs attaques. C'est ce qu'on appelle "la stratégie du replacement là où on est placé" autrement nommé "le ballon reviendra forcément vers moi". Stratégie, ou instinct de survie durant une heure de match, je vous laisse seul juge mais la méthode fut payante : ils se fatiguèrent plus vite que nous et nous pûmes à l'avant offrir enfin à Marou quelques bons ballons d'attaque qui manquaient à Tac et Hulk chauffés à blanc en défense et dont la nervosité perceptible devait s'éteindre au plus vite. Le match s'embala alors. Faute de pouvoir jouer au pied, Zlatan Maroulovich ziguezaga dans la défense adverse avant d'être stoppé net par ! une mare de boue : enfoncé jusqu'aux aisselles, il perdit le ballon. Mais peu importait, la ligne arrière était gonflée à bloc. Et une percée magistrale de Hulk permit de mener au score 1-0 à la mi-temps.
Manu était au taquet. "Les avants, quand vous vous replacez mettez vous dans la ligne, pas en deuxième rideau" "C'est pas du replacement Manu c'est de la fatigue" " ! Bon ! ".
Nous reprîmes le match avec Hervé Lyotaud à la mêlée. Chouchou, homme du match contre Mantes-la-Jolie ayant été vexé par l'absence de citation le concernant dans mon dernier CR, clama haut et fort qu'il ne rejouait pas en seconde mi-temps : "Je suis déjà sympa de vous avoir offert mon corps 30 minutes, c'est déjà plus que vous ne méritez !". Maloménix fit son entrée à mon côté en deuxième barre et Yann Guillomin se porta volontaire pour remplacer "la Star du RAC 3".
La seconde mi-temps fut sans conteste marquée par notre domination ; le déblayage des avants de Maule tardant à venir, les soutiens aux ballons portés commençant à se fissurer nous récupérâmes nombre de ballons que les ¾ purent exploiter. A sa manière Hulk mit en musique les attaques et fit chanter "god save my shoulder" à l'Anglais sympathique des Maule-Backs. Ajoutons à cela la formidable prestation d'Olivier Buecher qui a assuré toutes nos prises en touche, servi par un Papykachu d'une précision incroyable. Sûr de notre jeu, c'est hélas aussi sur une touche contre nous que vint l'essai égalisateur des Maule-Blacks. Petit Jean, tout ramolli par une semaine de festivités alcoolisées dues à ses 40 ans, courut au soutien, tel un somnambule, tandis que le pilier adverse faisait le chemin inverse, contournait la touche déverrouillée et se retrouva face à un boulevard ! Lyotaud, Hulk et Disdéro tentèrent en vain de le stopper : 1 partout. Le vent de la révolte souffla alors. Nous écartions de plus en plus les ballons, Marou revint jouer au centre au côté de Fred Lavergne et tous les deux mirent en panique leurs vis-à-vis. Petit à petit les débordements se multiplièrent et les actes manqués, hélas aussi ! Arnaud se loupa de son côté quant à Corletto, bien décidé à faire concurrence à Ronan "Le Barbare", cala à 1m de la ligne d'essai et tout comme son compatriote breton en Italie, s'écrasa comme une merde en touche. Mais nous étions là, dans leurs 22 et l'endroit nous plaisait. Notre pression eut raison de nos adversaires quand après une récupération de notre pack, les ¾ virevoltants firent des étincelles et Fred Lavergne conclut par un essai. Rebelote quelques minutes plus tard, dans la même configuration avec cette fois un crochet intérieur de l'homme de l'ASPTT. Il ne restait alors que 5 minutes de jeu et tandis qu'avec La Buche nous grattions péniblement un ballon, Yann qui se replaçait là où il était placé, à l'aile opposée, dans nos 22, en sixième rideau, reprenait son souffle en implorant ST MICHEL de rendre à la Bretagne son honneur sali à deux reprises par l'insuffisance physique de Corletto et Ronan. Alléluia ! Alors qu'il priait encore, le ballon que nous venions de libérer atterrit dans ses mains et il se lança : tout droit d'abord ! Boum ! boum, ça passe ! 25 m Crochet à droite ! Crochet à gauche ! 40m ! "Cours Forest s'écriaient les VDQS" ! 50m ! 70 m ! Dans un dernier effort Fofayann exécuta un pas de poule pour échapper à l'ultime plaquage ! 77m ! Il ne restait que deux mètres à franchir, ces 2 mètres où habituellement le Breton fait un en avant et s'écroule de fatigue ! Fofayann ralentit ! 1m ! et s'écroula de tout son long, le ballon dans ses bras mordant la ligne : Essai ! Ouf ! La malédiction était conjurée.
Christian siffla la fin du match 2 minutes plus tard et nous pûmes festoyer sur cette victoire valeureuse et méritée.
Le repas fut cependant perturbé par l'arrivée intempestive d'un SMS sur le portable de Christian : "C'est Danse avec les genoux qui nous félicite !" ! "Qui ?" ! "Sixiou !...vous vous souvenez pas ?... le coach !". La mémoire nous revint peu à peu. Certains, les plus sévères demandaient déjà son licenciement, d'autres le regrettaient amèrement et compatissaient de sa situation. En effet depuis plusieurs semaines notre Site internet publiait les photos de tous les VDQS dans le monde otages des extrémistes : Pistounet retenu par des assureurs terroristes du front de libération de l'immobilier, Chauvin par les Révolutionnaires du Transit Tunisien (les dangereux RTT), Tiret, au bagne de Toulon, qui souffre à présent du syndrome de Stockholm, Guillaume Billion, disparu la semaine passée et prisonnier du mouvement féministe «Action Sperme pour toutes touffes" (ASPTT), et lui, Sergio enlevé par la secte "du membre solaire" qui accuse Bongrain (sa société) d'utiliser de la bouse de vache et du lisier au lieu de fumier de cheval pour faire pousser ses légumes. Nous ne pensions donc plus le voir et voilà que ce SMS nous annonçait sa libération ! Ce SMS nous mit du baume au coeur et du vin au foie. Une bien belle soirée.