Victoire 4 à 3

Nombre de voix se sont élevées pour critiquer mon intégrité ainsi que la rigueur de mes comptes rendus. Il est vrai que certains de mes écarts sont malvenus et je tiens à rectifier le tir cette semaine alors que des événements graves se sont produits.

Blanc va-t-il démissionner ? Qui nous fera à manger si sa décision est irrévocable ?

Le scandale avait éclaté durant la semaine. Lors de la dernière réunion des instances dirigeantes VDQS certains propos déplacés avaient été enregistrés et diffusés sur le net : « il y a trop de bi-régionaux dans nos rangs !!! Il faut mettre en place des quotas !" En ligne de mire les petits beurres bretons et autres fayots du Sud-ouest. Les deux sélectionneurs d'origine ibérique n'étaient pas en reste pour critiquer leurs effectifs non maîtrisables tant ils ouvraient leur gueule sur le terrain. Or, le dernier match officiel du Top 33 export s'annonçait crucial pour l'avenir du club face à l'adversaire suprême, les mythiques Maule Blacks. Toulouse, la nouvelle Zélande, porter le deuil de l'adversaire pour ces équipes de légende autant critiquées qu'admirées, est une tradition que le petit village des Yvelines perpétue à merveille.

Nos DTN, nos Dirigeants Très Nintelligents avaient disséqué les derniers exploits des Maule-Blacks en visionnant des films super 8 et décrypté leur jeu afin d'organiser notre tactique. Après un échauffement dynamique, Manu et Danse avec les genoux nous réunirent afin de nous exposer le fruit de leur analyse : "Ils sont gros, ils sont grands, ils foncent dans le tas et quand ils courent, ils sont durs à arrêter". Les 35 VDQS présents demeuraient subjugués par la pertinence et la finesse de l'étude. Mais les deux DTN ne se contentèrent pas de cette analyse magistrale et achevèrent de nous impressionner en nous révélant la stratégie secrète qu'ils avaient mise au point. Nous buvions leurs paroles, pendus à leurs lèvres comme Tiret à sa nuit de noce. "Alors voilà, le truc c'est ! .plaquer avant qu'ils se mettent à courir !". Nous en avions le souffle coupé : leurs quarante années d'expérience leur permettaient d'innover encore et toujours et de trouver des subtilités de jeux inédites qui nous surprenaient. Déconcerté, l'ensemble de l'effectif baissa la tête pour essayer d'imaginer ce que ça pouvait donner ! .mais aussi apprécier la dureté du terrain sec comme le béton d'Olivier (La buche).

Profitant de cette méditation collective nous en profitâmes pour faire une minute de silence pour Alain Tiret qui vivait alors sa dernière nuit de célibat. Au bout de quinze secondes nous nous interrompîmes considérant que lui-même est incapable de se taire aussi longtemps.

26 Maule-Blacks et une dizaine d'officiels de chez eux avaient fait le déplacement. Marou encore blessé vint soutenir l'équipe et céda sa place à Barquissau, un basque hémiplégique qui arrive à faire des passes de gauche à droite mais pas de droite à gauche. Les deux vieux du Muppet-show, Papy et Alphonse Chauvin commentèrent le match ainsi que quelques séniors entraineurs au Rac venus admirer le grand retour sur les terrains de l'ex-international arménien Arnaud Kasparian, dit Kaspy le magnifique affecté au centre. En l'absence de Frère Noaro, le maître de maison, Charles Cazamayor se tranquillisa et accepta d'arbitrer la première mi-temps de 35 minutes.

Comme d'hab au bout de deux minutes nous nous fîmes une fois de plus enfiler par un essai en contre de leur ouvreur. L'équipe n'avait semble t-il pas encore compris la complexité de la stratégie des DTN dont la colère résonnait jusqu'au pont de Bezon. Deux minutes plus tard, l'apaisement revint avec un essai de Pierre, ex-sénior racois qui récupéra un ballon au sol au centre du terrain et tel Forest Gump le ramena à Kaïs sans se retourner. Ensuite Maule reprit l'avantage grâce à un départ au raz de la mêlée petit côté.

Hélas pour Maule, c'était son soir, c'était son match, c'était son honneur de bi-régional breton qui était en jeu, et ce héros c'était Corletto qui après trois crochets, un double salto avant et un saut carpé échappa à une dizaine d'adversaires avant de marquer.

Et si son sens de l'attaque était aiguisé, sa défense fut époustouflante dégageant nos 22 par une chandelle de 50m. Incroyable !!!!

2-2 à la mi-temps. Caza laissa son sifflet à un adversaire et vint briller sur le terrain à son tour. Mal nous en a pris car son remplaçant se révéla assez approximatif et largement influençable par ses partenaires. Les Maule Blacks nous ont saoulés en deuxième mi-temps et leur pauvre arbitre semblait lui aussi être sans cesse harcelé : "Y'a Charlot qui n'a pas compris ta décision, tu vas lui expliquer ou tu retournes la pénalité ?". C'est dur l'arbitrage dans ces cas-là et de notre côté seul Daniel Amand contestait les décisions. Par prudence Sergio le fit sortir.

Les VDQS firent cependant abstraction des provocations et Hulk Bienaimé tout juste arrivé de Marseille, perfora leur défense et marqua un premier essai. Leur 3ème ligne réussit enfin à marquer après une soixante douzième charge qui échappa à notre défense féroce.

Kaspy le magnifique qui était jusqu'alors dans ses petits papiers (d'Arménie évidemment) tant il peinait à agripper ce qu'on lui passait, arriva in fine à synchroniser ses deux bras, à réceptionner et transmettre le ballon sans en avant : Hulk 2 le retour , défonça à nouveau la ligne adverse avec une joie tellement immense qu'il tenait le ballon d'une main et sautait de joie en criant Touch Down ; le public nombreux se crispa de peur mais Danse avec les genoux débuta une incantation rituelle : "Kitkate, Kateburry exit corpus" ce qui en français signifie : "Grincheux sors de ce corps". Aussitôt il aplatit, 4-3, ouf ! on mène enfin. Hélas nous n'étions pas au bout de nos émotions. Jérôme Couton fit en effet vibrer les foules par une relance, à un contre deux, à 3 mètres de notre ligne d'essai et remonta quand même 35 mètres balle en main. De toutes les façons il n'avait guère le choix tant Manu hurlait sur la touche : soit il réussissait son coup de poker, soit Manu lui découpait les couilles en tapas pour l'apéro.

Les cinq dernières minutes furent violentes et après un léger surnombre un Maule Black couru vers nos poteaux et là nos DTN eurent l'idée de faire entrer en jeu un Néo-Zélandais, Kaïs le Hole Black. Rapide, efficace, Kaïs coupa la lumière et le match s'interrompit aussi sec.

VICTOIRRRRE !!!!

Nous étions en état de grâce, mais il faut rester humble car comme dit Albert de Monaco : "L'état de Grace ok mais ! avant ou après l'accident ?". Ce match laissa effectivement quelques traces. Un seul blessé, Cauet. Pour les autres, le syndrome de Mimi Mathy nous attendait, à savoir cette douloureuse sensation d'avoir les omoplates sur les hanches.

La troisième mi-temps fut marquée par une version Britannique du père Abraham, très appréciée de la compagne de Caza, une quarantaine de gaillards se retrouvant à chanter à poil, debout sur des chaises du club house.

Nous dédicaçons cette victoire aux jeunes mariés toulousains et leur témoin de Jéroboam, notre bon président.