Pas évident de venir ce samedi célébrer notre amitié pour Hervé et d’accueillir sa femme Solen et ses enfants. Que lui dire à cet instant en m’approchant d’elle ? La question fut vite réglée lorsque m’apercevant, Solen m’interpella sur un ton agressif : « Eh dis-donc La Veuve, tu te foules pas trop depuis quelques temps ! Ils sont où tes comptes-rendus ? » ; « Oh ! La Veuve toi-même ! » lui répondis-je avec le tact qui s’impose dans de telles situations. « J’voudrais t’y voir ! La dernière fois que je suis venu prendre des notes, c’était à Garches, contre les momies ! Le match a duré 9 secondes : vas pondre trois pages après ! » . Devant son insistance, je lui promis de me remettre au clavier pour vous conter cette journée : le voici.

            Depuis quelque mois, les tensions se multipliaient au sein des VDQS, le sport amateur vétéran se heurtant à l’esprit de compétition des plus valides. Les matchs se raréfiaient, les repas de troisième mi-temps étaient peu à peu désertés, bref on perdait nos fondamentaux : profiter de l’instant présent, des amis et de la déconne. Symbole de cet esprit, Hervé nous a rappelé à l’ordre par son départ prématuré en division supérieure.  Suite à son ascension l’archange Doodle nous est apparu et le miracle se produisit. Comme le souligna Christian, de toutes parts les VDQS répondirent à l’appel aux dons et la solidarité fut totale. Le tournoi du Rheu fut également l’occasion d’un renouveau, les VDQS arborant au poignet un élastoplast siglé « HERVE ».

En ce samedi, l’émotion était intacte. Tels les disciples, nous nous réunîmes silencieusement dans le vestiaire. Pour l’occasion, Christian qui avait vendu pendant tout l’hiver ses appareils de muscu afin que sa salle de sport puisse servir de nurserie à Paule Hélène, Christian, donc, ouvrit son sac pour la première fois depuis un an. Tous nous nous mirent à pleurer. Christian prit alors la parole : « Faut être forts les gars ! On le doit à Eche, Solen et ses enfants ! ». « Mais Christian c’est pas la tristesse qui nous fait pleurer, c’est tes affaires, ça pique les yeux ! ». Un peu vexé, notre bon Président réalisa sa méprise lorsqu’il sortit sa serviette de douche semi cartonnée, des traces moisies dessinant une sorte de décalcomanie de son visage. Blanche Neige aussitôt s’écria : « Alléluia, le Saint-Suaire ! » avant de réaliser que la silhouette dessinée avait une corpulence plus “Christianique“ que “Christique“.

Les amis d’Axens s’étaient joints aux VDQS pour la rencontre amicale de trois fois vingt minutes. Bien décidés à y participer notre footing XO fut écourté, réduit à 40 minutes aussi parce que MOC retrouvait les joies de l’effort physique.

Christian arbitra notre confrontation « A toucher » à laquelle nous eûmes la joie d’accueillir dans nos rangs Galaad, le fils d’Hervé. En hommage à son père qui jouait avec des mitaines, nombre de VDQS jouèrent avec des moufles, multipliant les fautes de mains. Lorsque Fred Lavergne arriva, Christian lui confia le sifflet afin de se joindre à « son filleul de cœur »   et échanger avec lui quelques passes. Cet instant de grâce passé, on se fit quand même un peu engueuler par Thibault parce qu’on oubliait de faire le “Gratte poule“ : « On joue, on s’amuse, mais la semaine prochaine on a match ! Et c’est important le “Gratte poule“ ! » . « Moi je suis invité à une partouze, ce week-end, si on peut jouer à saute mouton, ça m’arrangerait ! » commenta aussitôt Ronan peu enclin au sérieux réclamé. Petit a parte sur notre “Little huguette“ qui de retour au vestiaire a exhibé une musculature impressionnante. Nous fûmes en effet plusieurs à l’interroger mais nul, pas même lui, n’a su répondre à cette question : comment avec de tels atouts physiques peut-on jouer aussi mal ? Si vous avez une explication, n’hésitez pas à répondre, sa mutuelle rembourse très mal ses séances de psy.

Pour finir sur la partie match, personne n’a été foutu de me donner le score, preuve s’il en est que jouer reste notre moteur. La séance s’acheva par une haie d’honneur pour le benjamin de la rencontre, Galaad, sa frêle silhouette nous rappelant son papa.

Est-ce encore l’émotion ou la déshydratation  mais une fois de plus Blanche Neige tomba à genoux : « Alléluia ! Eche est ressuscité ! » ; «  Mais non crétin, C’est Laurent, son pote d’Axens  ! Le Messie il joue au Barça, pas au RAC 3 ! »  le reprit Christian ! A sa décharge c’est vrai que de loin, il lui ressemble énormément et qu’Hervé et Laurent ont souvent abusé de cette similitude. Mais depuis Pâques ce déchainement mystique de Blanche Neige inquiétait tout le monde. Alors je veux ici vous rassurer : avec 4 enfants qui passent le bac cette année, 4 inscriptions APB, 4 prêts étudiants à prévoir, oui, Y a que Dieu qui peut le sauver !

            De retour au vestiaire nous fîmes une photo de famille sur les marches du Stade, avec Solen, Galaad et Ninon perchée sur ses rollers. Et oui, c’est « En Marches » qu’on peut dire « Make the VDQS great again ». Mais c’est sur ces mêmes marches que le matin même, habillé d’un T-shirt New York Police Districk acheté chez Zara, Kaïs avait tenté d’interpeler un jeune voyou de 6 ans avant de se vautrer et de se tordre la cheville. VDQS un jour, VDQS toujours, aussitôt l’entorse bandée, Kaïs inscrivit le Prénom Hervé sur son élastoplast, à croire qu’il s’est blessé exprès !

            La troisième mi-temps débuta par quelques bières l’histoire de se donner du courage et de distribuer les paroles « Des Copains d’abord ». Christian offrit à Solen une photo des VDQS au tournoi du Rheu puis on chanta. C’est assez marrant comme dans ces instants là on ne veut surtout pas se tromper dans les paroles et qu’on garde le regard fixé sur le texte …pour ne pas flancher. C’est le regard embué et le sourire aux lèvres qu’enfin Christian transmit à Solen le message de l’Archange Doodle. Passé ce climax émotionnel chacun put comme le faisait Hervé, rigoler et se souvenir dans le rire et la bonne humeur.

            Le soleil brillait et nous pûmes profiter de la terrasse du Club house. Là, Cauet fumait son cigare dont notre Clinton VDQS refusait obstinément de nous dévoiler ses méthodes d’humidification. A son côté sa fille jouait avec une sorte de toupie. « C’est un Finger Spinner, un jeu pour calmer les gosses » nous confia t-il. Les femmes présentes semblaient rire de cette explication à commencer par Fériel et la mère de la petite. C’est l’arrivée de Ronan et Corletto qui leva toute ambigüité nous faisant profiter de leur érudition bretonne. «  C’est un sex toy de bigoudène » dit l’un, « Un Triskel clitoridien » répondit l’autre. « Finger Spinner » était donc un nom de produit tout à  fait adapté. Ce moment intense de Culture offrit le sérieux nécessaire pour nous remémorer Hervé. Une question était sur toutes les lèvres suite aux différents mails de Christian et son anecdote sur la DRH d’Axens : pourquoi Eche lui était si fidèle ? Christian ne put se dérober et commença le récit de leur rencontre tel Higgins dans une chemise de Magnum.

            « Tout a commencé il y a une trentaine d’années. Après une vilaine blessure au périnée suite à un gratte poule inversé, j’avais du prendre ma retraite professionnelle en Top 14 à Bourgoin (d’où la nécessité de s’entrainer au gratte poule !) » débuta Christian . A l’époque notre président ne savait pas encore quelle reconversion opérer, il se cherchait et sa fibre artistique le poussait à écrire des chansons. Comme il craignait les foudres familiales il prit un pseudo : Georges Braxens. L’inspiration était au rendez-vous portée par l’ambiance du rugby et sa vie personnelle : “Gare aux papilles“ “Le Julot de Paule-Hélène“ “La mauvaise herbe sur le terrain“ “Une Jolie Beurre“ (version personnelle de la fille du Bédouin) et bien sûr “Copain sers-moi à ras bord“. Avec sa guitare, Christian écumait les cabarets isérois jusqu’au jour où un type de Sète l’entendit, lui piqua sa musique, retoucha un peu les paroles et l’éclipsa définitivement. Spolié, dégouté, en colère, Christian partit se ressourcer en parcourant le monde. Il débarqua ainsi à Cuba et sillonna le pays à pied, vivant ici et là chez l’habitant. Alors qu’il arpentait la province du Lote Garona il découvrit un petit village, Santo Antonino  Noble del Vale où tous les enfants jouaient au foot. Alors qu’il regardait un match, il remarqua un enfant de 14 ans, terriblement véloce, que tous les autres admiraient. Cheveux longs, déjà la barbe, un béret sur la tête, tous l’appelaient « commandante », mais son vrai nom c’était le Che, nom par la suite francisé en Eche. Le soir même, Christian fut logé chez les Parents du petit. Ces derniers  avaient immigré à Cuba pour ouvrir un Marineland de langoustes, établissement fermé par les autorités suite à l’accident de Marion Cotillard où l’actrice, amputée des deux jambes, se retrouva le cul bas. Depuis ils avaient perdu tout goût du sport. Aussi lorsque Christian leur vanta les aptitudes physiques du garçon, la chose ne les émut guère et l’évocation du rugby leur parut encore plus lointaine. Eche, lui, se prit à rêver  et décida de s’enfuir de Cuba avec Christian. Tandis que la Police de Fidel Castro avait lancé un mandat d’arrêt au nom de Georges Braxens, Christian et Eche embarquèrent sur un radeau de fortune direction la Floride. C’est pendant la traversée qu’il imagina de changer les paroles de “Copain sers moi à ras bord“  en “Les copains d’abord“. Sans un sou, le duo fut aidé par la mafia cubaine et plus particulièrement par un certain Tony Solana que Christian connaissait bien. Tony Solana avait longtemps joué ouvreur au Scarface Miami Saints, le club de rugby le plus connu, le fameux SMS. Tony Solana, n’était pas un tendre, aussi lorsque Christian lui demanda si Eche pouvait devenir un bon ouvreur, ce dernier demanda au jeune homme s’il supportait la douleur. Le gamin acquiesça. Alors pour vérifier, Solana lui écrasa son cigare incandescent dans les paumes de mains.

« D’où les mitaines ! » souligna Christian. Ce mystère levé, nous attendions avec impatience la suite.

L’errance de ces deux amis se poursuivit jusqu’au grand Canyon. Christian voulait le former au Rugby mais en ces terres de football américain, un seul grand maître de l’ovalie pouvait le former, le grand chef Sioux “Danse avec les genoux“. Durant des mois, Eche s’entraîna avec un ballon en testicule de Bison, le vieil indien lui apprenant toutes les feintes et les tactiques. Au-delà des simples règles du jeu “Danse avec les genoux“ lui enseigna la philosophie de la troisième mi-temps : « Quand Vessie remplie, amis ravis » ou encore «  Quand Pitcher vidé, Lautrec tu dois payer ». Puis Danse avec les genoux lui enjoignit de toujours célébrer les Esprits : « Toi prendre Springles car ceci est ma peau, pelée pour vous ! »

« L’hiver approchant, on a quitté le sioux pour le sud » poursuivit Christian. Au Texas, Christian avait repéré une chambre d’hôtes assez sympa, dans un ranch près de Dallas : Southfork. Hervé et Christian furent accueillis par une splendide rousse prénommée Sue Ellen. Eche en tomba amoureux aussitôt. D’un père Breton et d’une mère Irlandaise, Sue Ellen parlait parfaitement français. De son nom de jeune fille “Castagnier“, Sue Ellen descendait de cette grande famille d’armateurs créateurs du non moins célèbre “Petit baigneur“. Mais la jeune femme rêvait d’autres horizons. Sue Ellen fut ainsi modèle pour d’obscurs peintres européens, Botticelli et Klimt avant de suivre un magna du pétrole, un certain JR Ewing dans ce trou paumé. Divorcée, la jeune femme avait le mal du pays. De son côté, Christian était fasciné par le Texas et cru enfin trouvé sa voie : « Eche, j’ai une idée, on va créer une société pétrolière ! » Hervé fut aussitôt enthousiaste : « Et comment va-ton l’appeler ? Praz-prom ? » « ...non, ça sonne trop russe » « …Braxens ? », « Plus court… » rebondit Christian « Axens ».

« Et c’est comme ça qu’on a créé Axens ! » expliqua Christian la chemise ouverte jusqu’au nombril et se caressant de son index humide son téton droit, non sans un certain plaisir. « Mais pourquoi vous êtes rentrés en France ? » demanda Fériel. « A cause du Rugby ! Et parce que j’en avais marre de tenir la Chandelle aux deux tourtereaux …. ».

Eche et Sue Ellen se marièrent à Las Vegas dans une chapelle où à l’époque officiait Cauet assisté par une jeune stagiaire,  Monica, fille d’un buraliste local. A l’époque le Cht’i finissait toutes les cérémonies en chantant « pas de boogie woogie ».  C’est à cette Occasion aussi que Sue Ellen francisa son prénom en SOLEN : « J’ai peur de passer pour une alcoolique en France » disait-elle. « Pas d’inquiétude, la rassura Christian : en France je t’inscrirai au Cercle des poétesses dissolues ; c’est un club de dégustation de Chardonnay constitué d’épouses de VDQS » .

Le même jour Solen annonça à Hervé qu’elle était enceinte de lui , que c’était un garçon et cherchait un prénom. Un peu dans la lune Eche lisait une affiche de Céline Dion « …Gala de charité » . « Galaad ! C’est Celte j’adore ! » Solen l’embrassa.

« Rentrés en France, vous connaissez la suite : Ninon, les copains…Décathlon » Conclut Christian. « Décathlon ???? » réagit alors l’assistance. Oui, peu de gens le savent mais Décathlon a pu ouvrir des magasins partout où il a déménagé car après une enfance contrainte au seul Foot, arrivé en France, Hervé a tout essayé : Ski, varappe, surf, parapente, Curling et même GRS. Bref, le garage de Solen est plein à craquer et elle s’est très vite rapprochée de Paule Hélène pour tout ranger.

« Vous savez tout… » termina notre Président devant un public conquis et les regards attentifs de Zeus et Appolon, ses deux Labradors en attente de Springles. Pour finir en Chanson Christian décida de nous faire découvrir le refrain de sa toute nouvelle chanson :

Ah qu’est-ce que j’suis serré

Au fond de ta p’tite boîte

Joue avec ma pine, joue avec ma pine,

Ah qu’est-ce que j’suis serré

Au fond de ta p’tite boîte

Pour qu’ça marche mieux

Fous-moi un doigt sur ma prostate…

 

Ainsi s’acheva ce samedi de pentecôte où l’Esprit VDQS est redescendu sur nous.

***

Et bien voilà Solen ! Tu voulais un compte rendu comme les aimait Hervé qui te les fowardait, j’espère que celui-ci aura été à la hauteur de tes attentes.

Quant à moi que tu continues d’appeler La Veuve, je tiens à dire ceci : Barbe Nicole Clicquot, a perdu son mari très jeune et cette femme combattive a conquis l’Europe en faisant du Champagne, une boisson de fête. Lorsque une année est exceptionnelle, La Veuve Clicquot Ponsardin produit une cuvée appelée “Grande Dame“. Alors si je reste “Laveuve pour toi“ Sache que pour nous tu es “UNE GRANDE DAME“.